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C'est clair, ça me gonfle !
Voilà 2 ans déjà que la Fête du Graphisme existe. D’après le site officiel : « Près de 25 000 personnes sont venus visiter les grandes expositions et ont participé aux événements de la première édition de la Fête du Graphisme à Paris, en 2014 ; sans compter tous ceux qui ont pu admirer les créations exposées à travers la ville sur les 1600 faces d’affichages et sur les totems des Champs-Élysées. » Mais qui est derrière cette initiative ? Toujours d’après le site officiel : « La Fête du Graphisme est une initiative privée et une production de la société Artevia, conçue et initiée par son comité d’organisation et son comité artistique, développée par l’Association pour le Développement, la Promotion et le Rayonnement du Graphisme (ADPRG) et réalisée grâce à ses partenaires. La Fête du Graphisme est placée sous le parrainage du ministère de la Culture et de la Communication et sous le parrainage de la Ville de Paris. » Cette année donc, plus d’affiches « éphémères » apposées autour du thème « Célébre la Terre », plus d’expositions tournant autour du sujet, plus de conférences, une « Nuit du générique », une « Fête des écoles », une « Fête digitale », des produits dérivés… Etc. Bien sûr, je suis toujours content quand on célèbre, à juste titre, notre belle profession. Pourtant, une fois encore, c’est aussi la célébration d’un graphisme élitiste (pourtant un peu moins que celui d’Etapes) qui ne touche que quelques fournées d’étudiants et autres plasticiens fraîchement sortis des Beaux-arts. On notera au passage que la Fête du graphisme est apparemment surtout la fête de l’illustration à la vue des visuels exposés. Bien sûr, cette belle spécialité va souvent de pair avec nos pratiques, il n’en reste pas moins une proche cousine. Le thème choisi (« Célèbre la Terre », franchement ? Pourquoi pas un spécial Mère Theresa) peut aussi induire que nous passons notre vie professionnelle à œuvrer dans le domaine de l’humanitaire. Et qui dit humanitaire dit souvent gratuit. Certes, le graphiste peut avoir, lui aussi, une certaine bonté d’âme. Pourtant, il doit manger et donc trouver des clients pour le payer. Je sais, c’est assez original et inattendu pour des gens qui passent leur vie à « dessiner ». Si vous suivez notre actualité professionnelle, vous avez sans doute noté un nombre grandissant de réactions épidermiques de la part de graphistes exténués par un manque de reconnaissance. Et si pour une fois, nous parlions de la réalité, de ce qui se passe dans notre beau métier ? Loin des fantasmes graphiques plus ou moins bien réalisés par des étudiants en mal de célébrité. En vérité, cette Fête du Graphisme n’a pas été faite par des graphistes, ni même pour eux. Et les réactions de mes collègues et néanmoins amis sont souvent mitigées, voir inexistantes. A part, les 2 ou 3 camarades qui continuent d’entretenir un certain nombre de fantasmes dont celui de devenir un « graphiste star ». Celui-là même qui ne manquera pas une occasion de s’auto-célébrer lors d'une Fête du Graphisme dont tout le monde se fout, au final. Au lieu de faire la Fête, je préférerai gagner un peu plus de fric et que l’on cesse de laisser penser que notre métier, c’est faire de beaux dessins, façon activité manuelle du mercredi après-midi. Visuels que l’on accrochera dans un abris-bus pour me remercier et me rétribuer. Bonne Fête !